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Mallock

04/02/2016 -

Bon, je l'avoue, je suis passé à côté de Mallock depuis le début, au début des années 2000, quand le Seuil a publié la première de ses "Chroniques barbares", Les visages de Dieu. Il faut dire que je suis plus un lecteur de roman noir que de thriller. Peut-être justement parce que je n'étais pas encore tombé sur Mallock... Dans le registre français, l'animal (de son vrai nom Jean-Denis Bruet-Ferréol) élimine par K.O. ses adversaires, que ce soit Jean-Christophe Grangé, Maxime Chattam ou Franck Thilliez, aussi talentueux soient-ils eux-mêmes dans ce même registre du thriller à grand spectacle. Face à la concurrence anglo-saxonne, Mallock se tient franchement bien aussi, avec un humour désespéré qui le rend particulièrement intéressant.
Rien de bien nouveau sous le soleil pourtant, Amédée Mallock, le personnage central de ces "Chroniques barbares", a perdu son fils et, depuis, il se consacre à la lutte contre le crime et avant tout contre les criminels les plus mégalomanes. Et dans le genre, celui qu'il combat dans Le principe de parcimonie se pose comme un modèle. A partir de là, Mallock, comme beaucoup d'auteurs le font, pourrait se "contenter" de dérouler une intrigue plus ou moins invraisemblable et de la pimenter de scènes d'horreur et d'hémoglobine particulièrement cruelles et insoutenables, c'est (hélas) à la mode. Mallock fait mieux que ça. Il ne nous épargne pas quelques horreurs, mais elles ne sont jamais gratuites dans la progression du roman, dans la compréhension des personnages comme dans la maîtrise de l'ambiance. Et, page après page, ce qui pouvait apparaître au début comme un style un peu "old school" et un héros "à l'ancienne" finit par faire sens et à trouver toute son efficacité. Malgré quelques échos qui désignent l'auteur de Mallock comme un nettement-plus-que-quinquagénaire, l'ensemble est nettement plus moderne que les premiers chapitres ne le laissent penser et, surtout, remarquablement mordant et intelligent.
C'est dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes, dit le proverbe, mais Mallock ce n'est pas de la soupe, c'est du costaud et du roboratif. Si écho il y a, il est plus à chercher du côté de Yeruldegger, le personnage de Ian Manook-Patrick Manoukian, avec qui il partage humour, démesure, grand-gueulisme, tendresse de coeur et finesse d'esprit. Old school ? Oui, un peu, peut-être, mais tellement forgé à l'empathie que chaque lecteur finit par être le meilleur pote de cet ours d'Amédée Mallock.

Paul Hardman

"Mallock - Le principe de parcimonie", aux éditions Fleuve Noir, 464 pages, 14,90 euros. Sortie le 11 février 2016. Le même jour ressortent deux autres romans des "Chroniques barbares" : "Le cimetière des hirondelles et "Les larmes de Pancrace".

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Note de Words from Mars : Mallock n'est ni marseillais ni provençal, aucun passage de ce roman ne se déroule dans la région marseillaise, mais Paul Hardman est chargé au sein de notre équipe de traiter du polar et du roman noir, mondialement parlant, dès lors qu'il a un coup de coeur.

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