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Equinox, le nouveau polar entre dans Les Arènes

13/04/2018 -

Il s'appelle Aurélien Masson, il a 43 ans, et si son nom ne vous dit rien, c'est que vous ne vous êtes jamais intéressé de trop près à la galaxie "polar" et "roman noir". Ce qui est, bien entendu, votre droit le plus strict. Et même si vous vous y intéressez, peut-être le nom d'Aurélien Masson vous aura-t-il échappé. Car voilà, il n'est pas un auteur, il appartient à une catégorie particulière : c'est un éditeur. Qui, pendant 17 ans - c'est dire s'il a commencé jeune - a présidé aux destinées de la Série Noire, la célèbre collection de Gallimard. Et Aurélien Masson est un éditeur-né, parce qu'il est un lecteur qui ne passe rien, qui a toujours cherché à amener "ses" auteurs au bout de leur chemin, le plus loin possible dans leur écriture et leur création. Oui mais voilà, "cela faisait 17 ans que j'étais à la Série Noire, à la suite de Patrick Raynal, en 2015 on a fêté les 70 ans de la collection, on s'est bien marrés, mais moi je sentais que c'était une époque de transition, aussi bien dans ma vie privée que dans ma vie professionnelle... Une période de changement. J'avais envie de recommencer. Je me sentais comme les Stones du temps de Exile on Main Street, j'avais envie de revenir aux Ramones." Les rockers et les punks apprécieront la comparaison. Car Aurélien Masson est un des éditeurs les plus rock de l'édition française.

D'ailleurs c'est dans un bar à bière qu'il a fait escale à Marseille, au Fietje, rue Sainte (fietje, comme fait le bruit de la mousse de bière quand on décapsule une bouteille, nous explique Vanessa, la patronne de l'établissement), le temps de présenter sa nouvelle collection. Sa collection à lui. "Il fallait que je crée ma collection, pas que je prenne la direction d'une collection existante, chez un autre éditeur." Et c'est comme ça qu'est née Equinox, quand Laurent Beccaria lui a ouvert les portes de sa maison, Les Arènes pour y construire une nouvelle collection (Ndlr : Les Arènes, que les Marseillais connaissent bien, puisque c'est la maison qui a publié La fabrique du monstre de Philippe Pujol).

Equinox a un parti pris visuel très fort, avec des jaquettes en noir et blanc au graphisme à la limite de l'agressif, et, on s'en doute, un parti pris éditorial également marqué. Quoique, Aurélien Masson concède qu'il y et qu'il y aura certes dans Equinox des livres plutôt trash, mais pour autant il ne refuse pas les ouvrages grand public, tant qu'ils restent dans un certain état d'esprit ; et d'en revenir aux Ramones : "Tu peux faire Blondie et les Ramones en même temps, des trucs percutants et des trucs populaires" (Ndlr : Les groupes Blondie et Ramones sont les deux faces du punk new-yorkais né dans les années 70, le premier est la version à succès, populaire, le second est resté plus underground, plus radical, mais en même temps plus "culte".)

S'il est donc marqué par la culture rock, Aurélien Masson n'en est pas moins avant tout un grand lecteur et un éditeur réfléchi. "Avec Equinox je repars, et l'intérêt de l'affaire c'est de défricher, de trouver de nouveaux auteurs ; d'utiliser la baguette magique de l'éditeur pour faire de la personne qui écrit toute seule dans sa chambre un auteur, avec un statut social, légitimé par la publication de ses livres. Et je suis persuadé que dans notre époque, de violence et de violence symbolique extrême, un nouveau roman noir va naître, j'ai déjà des trucs extras, comme Le feu dans la plaine, qui est un premier roman, et je lis, je lis des manuscrits, je les annote, je cherche. L'intention avec Les Arènes, c'est de faire 10 à 12 bouquins par an, essentiellement des français, mais aussi quelques américains." Et le but c'est aussi que ça marche et que ça vende ; Aurélien Masson ne perd pas de vue cette nécessité et il ne la rejette absolument pas non plus : "Je ne suis pas que le rebelle hardcore, explique-t-il dans une nouvelle allusion aux univers rock, je suis punk, et en tant que punk mon but c'est de vendre des livres et que les auteurs soient heureux !"
"Mamie Luger", un autres des titres de sa nouvelle collection, ne l'aurait pas mieux dit !

> pour Words for Mars  > Paul Hardman

photo © patrick coulomb / montage illustration © coolpop agency

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